Contrairement à deux premiers billets sur ce blog dans lesquels je proposais des traductions d’articles de la presse locale, où je cherche les échos les plus concrets des problématiques autour de l’inclusion sociale et économique des roms dans des petites localités d’un département en particulier, je propose ici une rapide traduction d’un article de la presse nationale. Je dis souvent que les toutes petites situations locales sont sur ce thème très représentatives de la situation dans le pays par ailleurs, cet article me permet donc d’étayer cet argument, s’il est lu à la suite des deux autres articles traduits de la presse locale.
L’article original est disponible sur le site du quotidien roumain Romania Libera avec ce lien.
Il s’agit d’un article paru dans le quotidien papier (que j’avais consulté à l’époque) le mercredi 28 mars 2018 et mis en ligne le même jour. Le journaliste qui en est l’auteur s’appelle Ticu Ciobotaru.
Encore une fois, ma traduction est certainement très perfectible mais je crois qu’elle offre une version fidèle de l’article original. Je ne commente pas ici cet article, je ne cautionne ni ne rejet aucun de ses points de vue.
Les aides sociales bloquent le développement des zones rurales
Dans les villages, de plus en plus de personnes refusent des emplois
Ticu Ciobotaru, Romania Libera, mercredi 28 mars 2018
Au lieu de travailler huit heures par jour contre un salaire, les habitants des zones pauvres du pays préfèrent ne travailler que quelques heures par mois pour recevoir les aides sociales de l’État.
Le cas du village Barbatesti dans le département de Vâlcea est connu. Le maire, Constantin Banacu, a convaincu un homme d’affaire de créer dans sa commune une usine de confection grâce à laquelle seraient créés de nouveaux emplois. L’entreprise a été créée comme il fallait, des investissements dans les outils de production, dans tous les équipements, les réseaux publics ont été fait. Mais les choses ont été bloquées parce que les habitants ne voulaient pas travailler. Sur les 300 emplois prévus, moins de 30 ont été pourvus, si bien que dans ce contexte l’usine a été démantelée parce que les habitants se contentent des aides sociales qu’ils reçoivent en échange des quelques heures de travail d’intérêt local.
Des situations similaires existent dans un grand nombre de localités du pays. Dans tous ces cas, les moindres chances de développement de ces localités grâce à la création de petites entreprises dans le domaine de la production qui pourraient créer de l’emploi et de l’argent dans les budget des collectivités se retrouvent bloquées.
« On veut du travail mais pourvu qu’on n’en trouve pas! »
Une situation similaire là encore dans la ville de Targu Bujor, dans une zone quasi rurale du département de Galati car la majorité des habitants, à l’exception des fonctionnaires, sont des paysans.
Depuis 2012, Targu Bujor est dirigée par Laurent Gadei, un jeune maire qui tente de ressusciter l’économie locale en soutenant le développement de petites unités de production, mais la paresse des habitants apparait plus forte que l’effort du maire. A Umbraresti, un des villages de la commune, une champignonnière a été créée. Bien qu’il soit offert 7 Lei de l’heure, ce qui pour 8 heures par jour équivaut à 1400 Lei mensuel, les habitants n’ont pas souhaité y travailler et ce sont des ouvriers de la périphérie de la ville, à 18 kilomètres de distance, qui font la navette tous les jours. Le maire a posté sur Facebook qu’il ne s’explique pas le refus des locaux d’obtenir un travail, alors qu’ils lui demandaient des emplois durant la campagne électorale: « un paradoxe difficile à comprendre! Des emplois? La champignonnière de Umbrasesti est exploitée par des travailleurs de Jorasti. Parmi nos habitants, personne ne veut. Difficile de comprendre et d’accepter qu’il soit possible qu’il existe des personnes sans emploi et sans besoin d’argent!? Un paradoxe européen… On veut du travail mais pourvu qu’on en trouve pas! » a posté Laurentiu Gadei sur le réseau social.
Même les jeunes des villages ne veulent plus travailler
Tout se passe comme si il existait désormais un « culte » de l’aide sociale dans les villages, parce que même les jeunes à l’âge d’apprendre un métier ne veulent déjà pas travailler. Le chantier naval « Damen » de la ville de Galati annonce depuis plusieurs mois offrir 217 places en apprentissage dans les métiers de serrurier ou soudeur au travers de cours de qualification de 6 mois. L’administration du chantier naval s’est déplacé dans les commune du département pour présenter aux jeunes les avantages de l’offre, mais mois après mois l’annonce reste identique car pas un seul jeune ne veut de cette qualification. Cette situation a même été discutée récemment durant la commission pour le dialogue social de la préfecture du département de Galati qui a conclu que 80% des habitants de la ville de Galati sans emploi vivent en zone rural et préfèrent bénéficier de l’aide sociale plutôt que travailler. « Je sais que les entreprises comme Damen font le déplacement dans les zones rurales pour attirer le main d’œuvre en offrant des conditions de salaire de plus en plus intéressantes et proposent de prendre en charge le transport, mais les gens préfèrent toujours ne pas être employés », a déclaré le maire adjoint de Galati, Sorin Enache.
Les chantiers naval « Vard » de Braila ne trouvent pas non plus des jeunes à accueillir en apprentissage dans la construction navale, malgré une campagne de recrutement menée depuis deux ans y compris dans les villages du département de Braila. La solution à ce manque de main d’œuvre vient de « l’importation »: Des sources du chantier naval de « Damen » nous ont indiqué qu’à partir du mois d’avril devraient venir travailler à Galati 200 ouvriers du Vietnam.
2 réflexions sur « « Les aides sociales bloquent le développement des zones rurales »: traduction d’un article de la presse roumaine »
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