La table des matière donne accès au résumé de chacun des chapitres, mais vous pouvez aussi retrouver leur logique en lisant ci-dessous le plan détaillé, notamment à la suite de la lecture préalable de l’introduction.
Introduction
Première partie. L’événement
Chapitre 1. Le trouble des bidonvilles
Deuxième partie. L’ambition
Chapitre 3. Le bidonville de la Soie
Chapitre 4. Sécuriser les abords
Chapitre 5. Résorber l’habitat précaire
Troisième partie. La faillite
Chapitre 6. L’offre et les demandes
Chapitre 7. Economies domestiques
Conclusion
Plan détaillé
La première partie de ce travail interroge le trouble produit dans la relation que l’on entretient avec les bidonvilles et les roms. On ne peut pas comprendre la situation si on ne fait pas l’expérience d’un de ces espaces sans forme, où on ne peut d’abord déambuler sans mal. Le bidonville fait « événement » et défait les cadres de la ville, ce pourquoi elle a toujours été pensée (chapitre 1). Après avoir pénétré sur ce terrain où les cabanes et les caravanes dévient les chemins (et non l’inverse), on fait la rencontre, par le biais de la traduction, des personnes qui l’occupent (chapitre 2). A cette époque, entre 2005 et 2006, je suis traducteur pour Médecins du Monde. J’observe ces corps porter les traces d’une autre condition, ce qui interroge jusqu’à la possibilité de la rencontre, ouvrant la voie, enfin, à la réflexion ethnologique, c’est-à-dire à la question des cloisonnements et de leur difficile dépassement, jusque dans la question des soins et de la santé. Les premières difficultés d’intervention sont là, comme un obstacle physique, un corps à corps indépassable. Le trouble produit par la situation dans son ensemble est la première des résistances. Le gouvernement de la situation n’est d’abord pas celui qu’orchestre la puissance publique, il s’agit d’abord du simple rapport que l’observateur, quel qu’il soit, entretient avec ces installations « bidons » et leurs occupants.
La deuxième partie interroge l’ambition de la puissance publique. J’intègre, début 2007, une équipe de travailleurs sociaux de l’Alpil, une association d’insertion par le logement, qui est missionnée par la préfecture pour réaliser un « audit » de la situation d’un des plus gros bidonvilles de cette époque (chapitre 3). L’État conditionne le travail de plusieurs mois par une injonction à l’intégration. C’est toute l’ambition du pouvoir sur cette situation de désordre et d’indiscipline: la méthode, c’est celle de « l’examen » en vue de sanctionner et approuver la possibilité que les occupants de ce terrain peuvent entrer dans des catégories connues. Sauf que la sanction va être disciplinaire et sécuritaire, puisque le bidonville est expulsé alors que le travail peine en effet à donner des « résultats » clairs. La tactique du pouvoir « marche à tâtons » sur le présupposé qu’il y a là du danger et de l’insécurité (chapitre 4), ce qui est une manière de percevoir non seulement ses intentions mais de reconnaître ses difficultés. Les blocages sont nombreux et en premier lieu celui de représenter les difficultés et de faire un état de la situation, de rendre compte de ce qui se passe sur ce terrain, ce que s’efforce de faire l’Alpil sans véritablement de succès. En 2008, un dispositif en tant que tel est créé pour lutter contre « l’habitat précaire » (chapitre 5). Là encore, on reconnait l’ambition du pouvoir au travers de cet outil qu’est le dispositif sous « la forme d’agencements concrets » (Michel Foucault). Le dispositif se fixe des priorités et se pense pour une certaine efficacité qui est celle de reprendre d’autorité ce « territoire » perdu qu’est le bidonville. Le « domaine du non-conforme » que représente la situation des occupations précaires est une de ces résistances. L’échec de l’ambition du gouvernement de la situation délimite un objet pourtant insaisissable.
La troisième partie s’établie à la charnière de l’année 2009, qui est une année durant laquelle le travail sur le terrain se transforme et « s’individualise », il glisse à l’échelle des individus ou des ménages. Ce changement d’échelle me permet d’ajuster aussi le point de vue de l’observation (chapitre 6). Je commence aussi à bien connaître certaines personnes que je côtoie sur le terrain et auxquelles je me sens lié, d’une manière ou d’une autre. En tous les cas, c’est la possibilité de regarder du côté des personnes et de tenter de réaliser des portraits fragmentaires à partir des interactions que nous avons. Toutes les demandes qui me sont adressées le sont d’une manière qui défait le rôle de travailleur social que je ne sais d’ailleurs vraiment bien tenir. Je quitte l’Alpil avec l’espoir de pouvoir alors explorer une autre manière de relation plus proche (chapitre 7). Je travaille durant l’année 2010 avec un photographe pour une exposition documentaire sur les parcours de familles des bidonvilles, ce qui m’amène par deux fois en Roumanie dans des allers-retours qu’il me fallait faire pour habiter à mon tour ces espaces distendus qui « déplacent » les intentions et l’organisation des familles (que j’appelle alors « l’économie domestique »), qu’on ne cesse d’interroger par ailleurs pour comprendre puis illustrer (l’exposition) ce qu’il en est de la situation. Je m’engage enfin, à partir de la fin de l’année 2010, dans un programme de coopération entre la Communauté Urbaine de Lyon et un village de Roumanie. Je suis consulté au départ de ce projet pour déterminer le lieu et l’objet de cet investissement assez inédit, qui répond au problème des bidonvilles et des roms autrement qu’à l’habitude en France, où on expérimente plutôt les « villages d’insertion » (que je visite durant l’année à Nantes et Paris dans l’idée d’en évaluer là aussi la pertinence). Alors que le programme est lancé, je termine sur l’évocation d’une de ces missions de suivi du travail là-bas où d’interminables discussions montrent que le problème des « ingouvernables » ne semble pas avoir de frontières. Ce sont ces économies domestiques qui représentent la troisième des résistances au gouvernement de la situation. Elles laissent apparaître, à l’observateur le plus minutieux des liens, d’autres processus de subjectivation dans l’intimité de la maison qui n’est progressivement plus celle de la cabane du bidonville.
Il est enfin possible de télécharger le dernière version de la thèse dans un billet du blog mis régulièrement à jour.